L'omniprésence d'internet dans nos vies a indéniablement transformé la manière dont nous communiquons, partageons des informations et exprimons nos opinions. Cependant, cette connectivité accrue s'accompagne d'un revers inquiétant : une augmentation significative des discours haineux en ligne. Les plateformes numériques, autrefois perçues comme des outils d'émancipation, sont malheureusement devenues un terrain fertile pour la propagation de propos incendiaires, ciblant des individus et des groupes en raison de leur origine ethnique, de leur religion, de leur genre, de leur orientation sexuelle ou de toute autre caractéristique personnelle. Les conséquences de cette prolifération sont profondes et menacent directement les libertés individuelles, fondamentaux de notre société.
Il est crucial de comprendre l'impact réel de ces discours sur les victimes, sur leur capacité à exercer pleinement leurs droits civiques, sur la participation à la vie publique et politique, et sur la cohésion de la société dans son ensemble. Trouver un équilibre entre la protection de la liberté d'expression, un droit fondamental dans nos sociétés démocratiques, et la nécessité impérieuse de protéger les individus contre les préjudices causés par les discours haineux est un défi complexe et urgent. La protection des libertés individuelles face à la haine en ligne est donc un enjeu majeur de notre époque.
L'érosion des libertés individuelles : impacts concrets du discours haineux
La dissémination du discours haineux en ligne ne se limite pas à de simples mots, à des opinions controversées ; elle engendre des conséquences tangibles et dévastatrices pour les individus et les communautés ciblées. Comprendre ces impacts, les mécanismes par lesquels la haine en ligne affecte la vie des gens, est essentiel pour saisir l'ampleur du problème et identifier des solutions efficaces. L'atteinte à la liberté individuelle se manifeste sous diverses formes, affectant la santé mentale, la participation civique, la sécurité économique et même la sécurité physique des personnes.
Impact psychologique et émotionnel sur les victimes du cyberharcèlement
Le cyberharcèlement, les insultes, les menaces et les campagnes de dénigrement proférées en ligne peuvent engendrer une profonde détresse psychologique chez les victimes. Les individus visés par des discours haineux, qui sont souvent ciblés en raison de caractéristiques protégées par la loi, peuvent développer des troubles anxieux généralisés, une dépression sévère, un sentiment d'isolement profond et des troubles de stress post-traumatique. L'exposition constante à des messages négatifs et dégradants peut ébranler la confiance en soi, l'estime de soi, créant un cercle vicieux de vulnérabilité et d'isolement social. Ces conséquences psychologiques peuvent avoir un impact durable sur la vie des victimes, affectant leurs relations personnelles, leur performance au travail ou à l'école, et leur bien-être général.
L'impact psychologique de ces discours haineux varie considérablement en fonction du groupe ciblé et de la nature des attaques. Par exemple, les femmes victimes de misogynie en ligne, souvent confrontées à des menaces de violence sexuelle et à des insultes dégradantes, peuvent souffrir d'une perte de confiance dans leur capacité à s'exprimer librement, à participer pleinement à la société et à occuper des postes de leadership. De même, les personnes LGBTQIA+ confrontées à des propos homophobes ou transphobes peuvent ressentir une peur accrue de la discrimination, de la violence physique et de l'exclusion sociale. La discrimination basée sur l'origine ethnique, la religion ou la nationalité peut conduire à un sentiment d'aliénation profonde, de perte d'identité culturelle et à une remise en question de leur appartenance à la société. Les personnes handicapées, souvent ciblées par des moqueries et des insultes dégradantes, peuvent souffrir d'une diminution de leur estime de soi et d'une limitation de leur participation à la vie sociale. Le Centre d'aide aux victimes de cyberharcèlement rapporte que 85% des victimes développent des troubles anxieux.
- Anxiété généralisée et troubles de l'humeur persistants
- Diminution significative de la confiance en soi et de l'estime de soi
- Sentiment d'isolement profond et de déconnexion sociale
- Troubles du sommeil (insomnie, cauchemars) et de l'appétit
- Pensées suicidaires et tentatives de suicide
Limitation de la participation à la vie publique et politique : l'autocensure en ligne
La peur des représailles en ligne, du harcèlement, des menaces et des campagnes de dénigrement peut dissuader les individus, particulièrement ceux appartenant à des groupes marginalisés ou minoritaires, de participer activement à la vie publique, à la vie politique et aux débats d'idées. L'autocensure devient alors une stratégie de survie, une forme d'adaptation à un environnement hostile, pour éviter le harcèlement en ligne, les attaques personnelles et la divulgation d'informations privées. Cette limitation de la participation compromet le pluralisme, la diversité des opinions, la vitalité démocratique et la capacité de la société à relever les défis complexes auxquels elle est confrontée. Il faut souligner que 45% des personnes issues de minorités ethniques évitent de s'exprimer sur des sujets politiques sensibles sur les réseaux sociaux.
Le désengagement politique est une conséquence directe de l'intimidation en ligne, de la violence verbale et de la désinformation ciblée. Les individus qui se sentent marginalisés, menacés, ou qui ont été victimes de cyberharcèlement peuvent perdre confiance dans les institutions démocratiques, dans les processus électoraux et dans la capacité du système politique à les protéger. Ils peuvent cesser de voter, de s'engager dans des organisations politiques, de participer à des débats publics et de faire entendre leur voix sur les questions qui les concernent. Cette désaffection peut avoir des conséquences graves sur la représentation des minorités, sur la légitimité des processus démocratiques et sur la capacité de la société à construire un avenir inclusif et équitable. Une enquête récente a révélé que 78% des jeunes âgés de 18 à 25 ans estiment que les discours haineux en ligne constituent un obstacle à la participation politique et civique.
- Auto-censure et hésitation à exprimer ses opinions, même sur des sujets d'intérêt général
- Désengagement politique et perte de confiance dans les institutions démocratiques
- Diminution de la participation aux débats publics et aux consultations citoyennes
- Réduction de la visibilité des minorités et des groupes marginalisés dans les sphères publiques
- Affaiblissement du pluralisme démocratique et de la capacité de la société à innover
Incitation à la violence et aux crimes haineux : le rôle de la haine en ligne dans la radicalisation
Le discours haineux crée un climat de haine, d'intolérance, de suspicion et de peur qui peut inciter à la violence physique, aux crimes haineux et même au terrorisme. En déshumanisant certains groupes, en les présentant comme une menace pour la société, les propos incendiaires légitiment la discrimination, la violence à leur encontre et justifient les actes de haine. Les attaques verbales en ligne, les menaces de mort et les appels à la violence peuvent se traduire par des agressions physiques dans le monde réel, alimentant un cycle de violence, de peur, de vengeance et de polarisation sociale. Les groupes extrémistes utilisent activement les plateformes numériques pour recruter de nouveaux membres et diffuser leur propagande haineuse. En 2023, le nombre d'attaques ciblant les communautés religieuses a augmenté de 35% selon les données du Ministère de l'Intérieur.
L'analyse de cas concrets révèle souvent un lien direct, une corrélation significative, entre la propagation de discours haineux en ligne, la radicalisation des individus et la commission de crimes haineux. Des attentats terroristes ont été précédés par une campagne de désinformation, de propagande haineuse sur les réseaux sociaux et de diffusion de théories du complot. Les agressions contre des personnes en raison de leur race, de leur religion, de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre sont souvent précédées par des propos dénigrants, des insultes et des incitations à la haine sur les plateformes numériques. Le FBI a rapporté une augmentation de 20% des crimes haineux aux États-Unis en 2022, une tendance alarmante que beaucoup attribuent, au moins en partie, à la prolifération de la haine en ligne et à l'inaction des plateformes.
- Augmentation des crimes haineux ciblant les minorités et les groupes vulnérables
- Légitimation de la violence envers certains groupes et banalisation des actes de haine
- Création d'un climat de peur, d'intolérance et de suspicion généralisée
- Radicalisation en ligne et passage à l'acte violent (terrorisme, extrémisme)
- Impact négatif sur la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la sécurité de tous
Menace à la liberté d'expression d'autrui : l'effet dissuasif de la haine en ligne
Le harcèlement en ligne, l'intimidation, les menaces et les campagnes de dénigrement ne se limitent pas à affecter les victimes directes ; ils ont un effet dissuasif sur l'ensemble de la population et compromettent la liberté d'expression de tous. La peur de devenir une cible de discours haineux, de voir sa vie privée exposée, de subir des attaques personnelles ou de faire l'objet de campagnes de désinformation peut dissuader d'autres personnes d'exprimer leurs opinions, même si elles ne sont pas directement visées. Cet "effet dissuasif" étouffe la liberté d'expression, limite la diversité des perspectives dans le débat public et entrave la recherche de solutions aux problèmes complexes auxquels la société est confrontée. On estime que 60% des internautes ont été témoins de harcèlement en ligne, et que 30% d'entre eux ont préféré ne pas intervenir par peur de devenir une cible.
La liberté académique, la recherche scientifique et la création artistique sont également menacées par la prolifération du discours haineux en ligne et par les campagnes de harcèlement ciblant les chercheurs et les artistes. Les chercheurs qui travaillent sur des sujets sensibles, tels que les questions de genre, de race, de sexualité, de migration ou d'environnement, peuvent être la cible de campagnes de diffamation, de menaces et de harcèlement en ligne. Cette intimidation peut les contraindre à s'autocensurer, à abandonner leurs recherches, à renoncer à la publication de leurs travaux ou à quitter leur emploi, limitant ainsi la progression des connaissances, la liberté intellectuelle et l'innovation. 55% des universitaires ont signalé avoir été victimes de cyberharcèlement en raison de leurs recherches ou de leurs opinions, et 20% d'entre eux ont déclaré avoir modifié leur programme de recherche en conséquence.
- Dissuasion de l'expression d'opinions divergentes et de la critique constructive
- Limitation de la liberté académique, de la recherche scientifique et de la création artistique
- Réduction de la diversité des perspectives dans le débat public et appauvrissement du débat d'idées
- Création d'un climat de peur, d'intimidation et de suspicion généralisée
- Affaiblissement de la démocratie, du pluralisme et de la capacité de la société à progresser
Les défis de la régulation du discours haineux en ligne : un équilibre délicat entre liberté d'expression et protection des droits
La régulation du discours haineux en ligne, la définition de règles claires pour encadrer les propos tenus sur les plateformes numériques, est une question complexe qui soulève des défis importants en matière de liberté d'expression. Il est essentiel de trouver un équilibre délicat entre la protection de ce droit fondamental, reconnu par les conventions internationales et les constitutions nationales, et la nécessité impérieuse de protéger les individus contre les préjudices causés par les propos incendiaires, la désinformation et les incitations à la violence. Cette section explore les difficultés liées à la régulation du discours haineux, les risques potentiels de censure excessive et les approches possibles pour concilier ces impératifs.
La complexité de la liberté d'expression : un droit fondamental avec des limites
La liberté d'expression est un pilier fondamental des sociétés démocratiques, permettant à chacun d'exprimer ses opinions, ses idées, ses croyances et ses critiques, même si elles sont controversées, impopulaires ou offensantes pour certains. Cependant, ce droit n'est pas absolu et est limité par des considérations telles que la diffamation, l'incitation à la violence, la haine raciale, la négation de l'Holocauste et la protection de la vie privée. Définir précisément les limites de la liberté d'expression, distinguer entre une opinion critique et un discours haineux, et déterminer les critères permettant de justifier une restriction à ce droit fondamental est un défi juridique, philosophique et politique complexe. 15% des adultes pensent que la liberté d'expression devrait être illimitée, même si elle offense certains groupes.
Les interprétations de la liberté d'expression varient considérablement selon les pays, les cultures, les traditions juridiques et les contextes politiques. Certains pays adoptent une approche plus restrictive, interdisant toute forme de discours qui incite à la haine, à la discrimination ou à la violence envers certains groupes. D'autres pays, comme les États-Unis, privilégient une protection maximale de la liberté d'expression, même pour les propos les plus offensants, à moins qu'ils n'incitent directement à la violence imminente. La Cour Suprême des États-Unis a souvent protégé les discours haineux, en s'appuyant sur le Premier Amendement de la Constitution, qui garantit la liberté d'expression. Cette divergence d'approches reflète les différentes valeurs, traditions juridiques et expériences historiques des pays, et souligne la complexité de la recherche d'un consensus international sur la régulation du discours haineux.
La difficulté d'identifier et de modérer le discours haineux : le rôle des algorithmes et des modérateurs humains
L'identification et la modération du discours haineux en ligne posent des défis techniques et humains considérables. Les algorithmes de modération, bien qu'en constante amélioration grâce à l'intelligence artificielle et au machine learning, sont imparfaits, coûteux à développer et à maintenir, et peuvent commettre des erreurs, supprimant des contenus légitimes, ne détectant pas des propos haineux subtils ou étant biaisés envers certaines opinions politiques. Le contexte culturel, linguistique et social joue un rôle crucial dans la détermination du caractère haineux d'un discours, ce qui rend la modération automatisée particulièrement difficile. Les nuances de langage, l'ironie, le sarcasme et les références culturelles peuvent échapper aux algorithmes, qui ont besoin d'être constamment entraînés et mis à jour. Il est important de noter que les algorithmes de modération ont un taux d'erreur d'environ 10%, ce qui signifie qu'ils peuvent supprimer des contenus légitimes ou laisser passer des contenus haineux. L'association "SIGNAL" a révélé que le coût de développement et de maintenance d'un algorithme de modération performant peut atteindre plusieurs millions d'euros par an.
Les plateformes en ligne manquent souvent de transparence et de responsabilité dans leurs politiques de modération. Les utilisateurs ne sont pas toujours informés des critères utilisés pour déterminer si un contenu est haineux, ni des raisons pour lesquelles leur contenu a été supprimé, signalé ou mis en avant. Cette opacité alimente la méfiance, remet en question la légitimité des décisions de modération et peut conduire à des accusations de censure politique. Les plateformes devraient rendre leurs politiques de modération plus accessibles, expliquer clairement les critères utilisés pour évaluer les contenus et fournir aux utilisateurs un mécanisme de recours efficace en cas de désaccord. Seulement 35% des utilisateurs estiment que les plateformes sont transparentes concernant leurs politiques de modération et les raisons pour lesquelles certains contenus sont supprimés ou signalés.
Les risques de censure et de restriction de la liberté d'expression : l'importance de protéger le débat public
La régulation excessive du discours haineux peut entraîner une censure injustifiée, une restriction de la liberté d'expression et une répression des opinions dissidentes. Des lois trop larges, vagues ou mal définies peuvent être utilisées pour cibler des critiques politiques, des expressions artistiques, des commentaires satiriques ou des opinions minoritaires, qui ne constituent pas une incitation à la violence ou à la discrimination. Le risque de "sur-censure" par les plateformes en ligne, par crainte de sanctions légales, de pressions politiques ou de bad buzz, est également une préoccupation majeure, car il peut conduire à la suppression de contenus légitimes et à l'étouffement du débat public. Il est crucial de veiller à ce que la régulation du discours haineux ne soit pas utilisée comme un prétexte pour limiter la liberté d'expression et réprimer les opinions divergentes.
Il existe des cas où des lois anti-discours haineux, initialement conçues pour protéger les minorités et les groupes vulnérables, ont été utilisées pour réprimer la critique politique, museler les journalistes, poursuivre les activistes, intimider les défenseurs des droits de l'homme et restreindre le débat public. Des journalistes, des activistes et des défenseurs des droits de l'homme ont été poursuivis, condamnés ou emprisonnés pour avoir exprimé des opinions controversées, critiqué les politiques gouvernementales ou dénoncé les injustices sociales, même si ces opinions ne constituaient pas une incitation à la violence ou à la discrimination. Il est essentiel de veiller à ce que les lois anti-discours haineux ne soient pas utilisées comme un outil de répression politique et à ce qu'elles soient interprétées de manière restrictive, afin de protéger la liberté d'expression et le débat public. Dans certains pays, les amendes pour discours haineux ont atteint jusqu'à 10 000 euros, ce qui peut avoir un effet dissuasif sur la liberté d'expression.
Pistes de solutions : vers un internet plus sûr et respectueux des libertés individuelles et des droits fondamentaux
Face à la complexité du problème, il est nécessaire d'adopter une approche multidimensionnelle, une stratégie globale, pour lutter contre le discours haineux en ligne tout en préservant la liberté d'expression, la liberté de la presse et les droits fondamentaux. Cette section explore différentes pistes de solutions, allant de l'éducation et de la sensibilisation à l'amélioration de la modération des plateformes en ligne, à l'adoption d'une approche législative équilibrée et à la promotion d'une culture de la responsabilité en ligne. La protection des libertés individuelles, la promotion de la tolérance et la lutte contre la haine en ligne sont des objectifs complémentaires qui nécessitent une action coordonnée de tous les acteurs de la société.
Renforcer l'éducation aux médias, à l'information et à la citoyenneté numérique
L'éducation aux médias, à l'information et à la citoyenneté numérique joue un rôle crucial dans la prévention du discours haineux en ligne et dans la promotion d'un internet plus sûr et plus respectueux des droits fondamentaux. En développant l'esprit critique, la capacité à identifier les propos incendiaires, à vérifier les sources d'information, à distinguer entre faits et opinions, à reconnaître les biais et à résister à la manipulation, les individus sont mieux armés pour naviguer dans l'environnement numérique, pour se protéger contre la désinformation et pour contribuer à un débat public éclairé. La sensibilisation aux conséquences du discours haineux sur les victimes, sur la société et sur la démocratie est également essentielle pour promouvoir le respect, la tolérance, l'empathie et la solidarité en ligne.
Des programmes d'éducation spécifiques pour les enfants, les adolescents et les adultes sur l'utilisation responsable des réseaux sociaux, sur la protection de la vie privée, sur la prévention du cyberharcèlement, sur la reconnaissance du discours haineux et sur la promotion de la diversité culturelle peuvent contribuer à créer une culture en ligne plus positive, plus respectueuse et plus inclusive. Ces programmes devraient être intégrés aux curriculums scolaires, aux formations professionnelles et aux campagnes d'information du public. 80% des parents se disent préoccupés par l'exposition de leurs enfants aux discours haineux en ligne et souhaiteraient bénéficier d'une meilleure information sur les outils de contrôle parental et de signalement des contenus abusifs.
- Développement de l'esprit critique, de la pensée analytique et de la capacité à identifier les biais
- Sensibilisation aux conséquences du discours haineux sur les victimes et sur la société
- Promotion du respect, de la tolérance, de l'empathie et de la solidarité en ligne
- Éducation à l'utilisation responsable des réseaux sociaux et à la protection de la vie privée
- Encouragement de la participation civique, de l'engagement communautaire et du dialogue interculturel
Améliorer la modération des plateformes en ligne et renforcer la transparence
Les plateformes en ligne, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche et les fournisseurs d'hébergement ont la responsabilité de modérer les contenus qui violent leurs conditions d'utilisation, les lois applicables et les normes éthiques. Pour améliorer la modération, il est nécessaire de développer des algorithmes plus précis, moins biaisés et plus transparents, de renforcer la transparence des politiques de modération, des procédures de signalement et des mécanismes de recours, et d'augmenter le nombre de modérateurs humains formés à identifier le discours haineux, à comprendre les nuances culturelles et à prendre des décisions éclairées. Les plateformes devraient également collaborer avec les organisations de la société civile, les chercheurs et les experts pour élaborer des politiques de modération plus efficaces et plus respectueuses des droits fondamentaux.
Un système de "labels de qualité" ou de certifications pour les plateformes en ligne qui respectent des standards élevés en matière de modération, de transparence, de protection de la vie privée et de lutte contre la désinformation pourrait inciter les plateformes à adopter des pratiques plus responsables, à rendre compte de leurs actions et à améliorer leur performance. Ces labels pourraient être attribués par des organisations indépendantes, crédibles et reconnues, sur la base de critères objectifs, transparents et régulièrement mis à jour. Cela permettrait aux utilisateurs de choisir les plateformes qui s'engagent à lutter contre le discours haineux et à protéger les droits fondamentaux. Actuellement, seulement 40% des signalements de contenus haineux sont traités par les plateformes dans un délai raisonnable, et 10% d'entre eux aboutissent à une suppression du contenu.
- Développement d'algorithmes de modération plus précis, moins biaisés, plus transparents et plus facilement auditables
- Renforcement de la transparence des politiques de modération, des procédures de signalement et des mécanismes de recours
- Augmentation du nombre de modérateurs humains formés, sensibilisés et capables de comprendre les nuances culturelles
- Mise en place de procédures de signalement efficaces, accessibles et rapides
- Création de "labels de qualité" ou de certifications pour les plateformes responsables et transparentes
Adopter une approche législative équilibrée et respectueuse des droits fondamentaux
Une approche législative équilibrée, proportionnée et respectueuse des droits fondamentaux est nécessaire pour définir clairement les limites du discours haineux, les critères de responsabilité des plateformes en ligne et les mécanismes de recours pour les victimes. Les lois anti-discours haineux doivent être suffisamment précises, ciblées et proportionnées pour éviter la censure injustifiée des opinions légitimes, la restriction de la liberté d'expression et l'atteinte à la liberté de la presse, tout en étant suffisamment larges pour protéger les victimes contre les préjudices causés par les propos incendiaires, les menaces et les incitations à la violence. Il est également important de mettre en place des mécanismes de recours efficaces, accessibles et gratuits pour les victimes de discours haineux, afin de leur permettre d'obtenir justice et réparation.
L'exploration de modèles de régulation basés sur la co-régulation entre les plateformes, la société civile, les autorités publiques et les organisations internationales pourrait permettre de trouver un équilibre entre la protection de la liberté d'expression, la lutte contre le discours haineux et la promotion des droits fondamentaux. La co-régulation implique une collaboration étroite, un dialogue constant et une participation active des différents acteurs concernés pour élaborer des règles, des procédures de modération et des codes de conduite qui soient à la fois efficaces, transparents et respectueux des droits fondamentaux. L'Union Européenne travaille actuellement sur une législation en ce sens, le Digital Services Act (DSA), qui vise à responsabiliser les plateformes en ligne et à protéger les utilisateurs contre les contenus illégaux.
- Définition claire, précise et proportionnée des limites du discours haineux, en tenant compte des nuances culturelles
- Établissement de critères de responsabilité clairs, transparents et proportionnés pour les plateformes en ligne
- Mise en place de mécanismes de recours efficaces, accessibles, rapides et gratuits pour les victimes
- Évitement des lois trop larges, vagues, imprécises ou susceptibles d'être utilisées à des fins politiques
- Exploration de modèles de co-régulation impliquant les plateformes, la société civile, les autorités publiques et les organisations internationales
Promouvoir une culture de la responsabilité, du respect et de la citoyenneté numérique
La lutte contre le discours haineux en ligne ne peut pas être uniquement l'affaire des plateformes, des autorités publiques et des organisations internationales. Les utilisateurs, les citoyens, les acteurs de la société civile et les entreprises ont également un rôle à jouer en signalant les contenus haineux, en dénonçant les comportements abusifs, en promouvant une culture de la bienveillance, du respect, de l'empathie, de la tolérance et de la citoyenneté numérique, et en soutenant les victimes de cyberharcèlement et de discours haineux. Le développement d'outils, de ressources, de campagnes de sensibilisation et de programmes de formation pour aider les victimes de cyberharcèlement et de discours haineux est également essentiel pour leur apporter un soutien psychologique, juridique et social, et pour les aider à se reconstruire et à retrouver leur confiance.
Un "serment d'Hippocrate" numérique, un code de conduite volontaire, pour les utilisateurs des réseaux sociaux, les blogueurs, les influenceurs et les créateurs de contenu pourrait encourager un comportement responsable, respectueux, éthique et цивилизованный. Ce serment engagerait les utilisateurs à respecter les droits d'autrui, à ne pas diffuser de fausses informations, de propos haineux, de théories du complot ou de contenus illégaux, à signaler les contenus abusifs, à promouvoir la diversité, l'inclusion et la tolérance, et à contribuer à un internet plus sûr, plus цивилизованный et plus respectueux des libertés individuelles et des droits fondamentaux. 95% des internautes se disent favorables à une meilleure éducation à la citoyenneté numérique et à la promotion d'un comportement responsable en ligne.
- Encouragement du signalement des contenus haineux, abusifs, illégaux ou contraires aux conditions d'utilisation
- Dénonciation des comportements abusifs, des menaces, du harcèlement et de la désinformation
- Promotion d'une culture de la bienveillance, du respect, de l'empathie, de la tolérance et de la citoyenneté numérique
- Développement d'outils, de ressources, de campagnes de sensibilisation et de programmes de formation pour les victimes
- Mise en place d'un "serment d'Hippocrate" numérique, d'un code de conduite volontaire pour les utilisateurs et les plateformes
La montée des discours haineux en ligne représente un défi majeur pour nos sociétés démocratiques, pour nos valeurs fondamentales et pour la sécurité de tous. En affectant la santé mentale, la participation civique, la sécurité économique et la sécurité physique des individus, les propos incendiaires, les menaces et les incitations à la violence menacent directement les libertés individuelles, la cohésion sociale et la capacité de la société à progresser. La lutte contre ce phénomène exige une approche multidimensionnelle, impliquant les plateformes en ligne, les autorités publiques, les organisations de la société civile, les entreprises, les chercheurs, les éducateurs et les utilisateurs eux-mêmes. En renforçant l'éducation, en améliorant la modération, en adoptant une législation équilibrée, en promouvant une culture de la responsabilité et en encourageant le dialogue interculturel, nous pouvons construire un internet plus sûr, plus цивилизованный, plus respectueux des droits fondamentaux et plus propice au développement humain.